Une lune pour nous accueillir ? Mais où se poser quand tout n’est que déchirure ? Notre errance est celle d’un éclat. Celui d’un hurlement perdu, gelé, poli par les rafales d’éternité qui nous assaillent depuis nulle part… Nos ressources sont multiples pour celui qui saura observer. Des gueules d’enfer à l’œil scrutateur, passez doucement le doigt sur le moindre contour, abandonnez un peu de ce sang si précieux, goûtez à cette symphonie d’aiguilles de glace… Monde immobile, figé, le dernier satellite que l’on voudrait voir graviter autour de soi, nous sommes simplement une idée noire, obsessionnelle, de celle qui n’a de cesse de polluer votre esprit, un miracle si vous parvenez à briser une de nos branches, elle repoussera plus profondément dans votre tête…

Cité flottante de l’interprétation, votre imagination n’y verra jamais deux fois la même chose : cascades de pointes, promontoires et assauts de pics vers le toujours plus haut, l’inaccessible, une quête sans fin, mais à quoi ressemblerait une quête qui se contenterait du premier sourire venu ? Avant qu’il ne soit trop tard, prenons nos distances avec cette lune pleine de bonnes intentions, une vision dans son halo de lumière, une étape qui ne sera pas notre cimetière stellaire, nous qui n’en finissons pas d’achever notre histoire.