D’où je viens, je ne sais plus vraiment.
Il était une fois une terre, un long voyage sûrement. Dans leur prison de glace, mes racines vibrent de mémoire. Elles me parlent de ma forêt d’origine, elles me disent qu’elle ne m’a pas oublié. Du haut de leur âge, mes bras tordus
connaissent toujours les harpes de jadis. Danseur, peintre, mime, ais-je été tout cela et le serais-je encore ? Qui pourra me dire si j’approche d’un monde nouveau, si il est temps pour moi de rentrer ou de quitter la roche-mère
? Finalement on n’en sait rien, ça n’a d’ailleurs aucune importance. L’or qui recouvre mon écorce est celui qui flambe les enluminures des contes. Je sens encore le murmure d’antiques légendes flotté autour de mes branches. Elle
a l’air si proche cette lune façon Méliès que j’irais bien me planter sur son crâne, devenir couronne, laisser pousser sur mon corps quelques joyaux et célébrer les rêves défunts de ses gloires passées.