Au crépuscule de ces histoires ne resteront que les ponts suspendus. Des ponts reliant des architectures triomphantes, des tours que baigne un reflet d’or, des mondes fantômes dérivant au gré de l’éternité. Qu’en est-il des légendes fondatrices ? Ce lien ténu (une corde?) entre des silhouettes minuscules, un ultime effort avant disparition dans le caveau des grimoires déchus ? Le cœur de la montagne a explosé, découpage à vif dans un corps de pierre, révélation des temples déchiquetés, des obélisques et des partitions infinies de stalactites à flanc de rumeurs stellaires.

L’art du vestige en suspension, des marches d’escalier qui viennent de nulle part et ne mènent nulle part, peut-être les pages d’un livre d’histoire qui n’a pas encore été écrit, peut-être et même sûrement ce qu’il reste de toute histoire… Au crépuscule de ma mémoire me prendrais-je pour une légende ? L’impression d’avoir vécu dans l’ombre de quelque monument me donnera-t-elle l’étrange sentiment d’avoir eu ma place dans ce recueil de contes ? Ou bien tout cela n’est-il définitivement qu’une brève illusion, comme la splendeur de ces châteaux en déroute ?