Comme une vague brutalement figée, c’est l’histoire de son déferlement que l’on peut lire dans sa courbure de glace. Était-ce sa volonté trop hâtive d’établir un lien avec le monde d’en face qui l’a immobilisée à jamais ? L’éternité pour y réfléchir, stalactites à la verticale des siècles, peaufinement de la concrétion, réponses en goutte à goutte pour un temps qui n’a plus sens, égaré, sans début ni fin.
Qu’avons-nous de l’autre côté ? L’entrée d’un temple au sommet d’un plateau rocheux. Gueule béante au pied de laquelle des mains-racines s’étoffent en excroissances inquiétantes… Sont-elles les gardiennes du lieu ou de simples passantes ? Arpentent-elles les parois de ces grottes afin de nous instruire, à grand renfort de hiéroglyphes, des secrets de ce qui fut peut-être une place forte, un havre de paix ou la dernière halte avant des territoires inconnus pressant l’imagination d’esquisser d’insondables promesses ?
Le formidable élan qui voulut être pont et relié deux parties d’un même univers conservera à jamais son énergie dans l’éclat de sa dynamique interrompue, alors que son revers, vague figure de proue, lointain profil, s’effacera dans
l’écho des voies du passé, dont le ressac imprègne le plus infime pic de ces cavernes désertes.